S’il y a bien un thème qu’on peut malheureusement considérer secondaire en psychologie et pourtant extrêmement douloureux c’est bien l’importance du deuil de son animal de compagnie.
Il y a quelques semaines seulement j’ai eu la peine immense de perdre mon chat qui est mort durant une hospitalisation chez son vétérinaire et donc sans que j’aie l’occasion de lui dire au revoir. La brutalité de cette perte a été particulièrement difficile pour ma conjointe comme pour moi.
Un vrai deuil à part entière
J’avais déjà été sensibilisé par mes patients à la question du deuil d’un animal. En tant que thérapeute EMDR je reçois beaucoup de personnes qui s’adressent à moi après avoir vécu un événement douloureux ou traumatique. Et parmi celles-là en une dizaine d’occasions peut-être certaines m’ont demandé de les aider avec le deuil d’un animal de compagnie qui était survenu jusqu’à 8 ans plus tôt. Le travail d’intégration en EMDR sur ces deuils s’est trouvé à chaque fois extrêmement touchant : la détresse de ces personnes pendant les séances pouvait en effet être extrêmement intense et s’accompagnait de gros sanglots incontrôlables.
C’est que le deuil d’un animal doit être considéré comme un véritable deuil et non comme une perte ou un deuil de deuxième ordre. Lorsque vous avez un animal, vous vivez avec, donc un animal de compagnie est véritablement un membre à part entière de la famille, puisqu’il partage le même foyer que vous et qu’ainsi une intimité est partagée avec l’animal tant au niveau géographique qu’affectif.
Aussi il existe avec son animal une espèce de pureté dans le lien. C’est ce que j’ai moi-même éprouvé et que j’ai entendu à maintes reprises de mes patients. Un chat ou un chien ne calcule pas son amour, ne négocie pas son attachement à vous et vous reçoit tel que vous êtes. C’est ce sentiment d’être aimé de manière très pure qui la rend la perte de cet amour particulièrement douloureuse.
Développer une représentation interne du défunt
Je ne vous entretiendrai pas dans cet article des étapes du deuil de Kübler-Ross parce que vous pouvez retrouver ça absolument partout sur internet. En revanche, je ne veux pas oublier de
mentionner ce qu’une autre psychologue américaine qui s’appelle Therese Rando et qui est spécialisée dans le deuil développe : le deuil, pour être complété, nécessite qu’on soit parvenu à
développer une représentation interne de l’être perdu et qu’on ait accès aux bons souvenirs partagés avec cette personne ou cet animal. L’accès à ces souvenirs donne en effet un sentiment de
gratitude, le sentiment d’avoir envie de remercier la vie ou l’être perdu pour avoir fait partie de notre vie.
Quand un deuil survient de manière traumatique à cause de son caractère horrible et/ou brutal (par exemple si on a été témoin d’un accident qui a occasionné la mort d’un proche), on peut être véritablement traumatisé par les conditions de la mort et le drame intérieur qui se passe alors est connu sous le nom de stress post-traumatique. Le survivant peut présenter alors des flashbacks c’est-à-dire principalement des images de la mort et ce sont ces images traumatiques qui vont l’empêcher d’avoir accès aux souvenirs positifs partagés avec la personne et donc rendre le deuil très difficile si ce n’est impossible ou bloqué. En effet, à chaque fois que la personne pensera au défunt, ce sont ces images qui s’imposeront et non les souvenirs positifs.
Ces images vont ainsi compromettre la transformation de l'attachement que nous avons au défunt en empêchant la construction d'une représentation interne adaptative et le processus de deuil s'en trouve bloqué. Le trauma de la mort rend impossible l'intégration de la perte et, inversement, le chagrin lié à la perte ne permet pas l'intégration du trauma.
Bien choisir les personnes avec qui s’épancher
Si vous venez de perdre un animal, j’ai un premier conseil très important pour vous : choisissez les personnes à qui vous allez vous confier, de manière à vous autoriser à pouvoir exprimer votre tristesse. S’il y a une règle très importante quand on exprime une émotion c’est qu’on a un besoin absolument fondamental d’être accueilli dans ce qu’on ressent. Le problème est que rares sont les personnes réellement capables de nous offrir cet accueil empathique dont nous avons besoin. Je vous encourage à ne parler émotionnellement du deuil que vous vivez qu’à des personnes qui ont elles-mêmes un animal parce que ce sont elles qui ont le plus de chances de comprendre votre douleur et de surtout ne pas la négliger, de ne pas la considérer comme une perte mineure. Vous pouvez bien sûr mentionner le deuil aux autres mais de manière très superficielle et sans vous attarder afin de n’être pas rattrapé par le chagrin face à quelqu’un qui risquerait de le juger disproportionné.
Certaines petites phrases peuvent être très difficiles à vivre même losqu’elles sont prononcées par des proches bien intentionnés mais très maladroits : « Est-ce que tu vas prendre un autre chat ? ». Cette question montre à quel point la personne ne comprend pas du tout la perte que vous êtes en train de vivre. Si je vous confiais que je suis dévasté parce que mon meilleur ami est mort, est-ce qu’il vous viendrait à l’esprit de me répondre : « Tu vas te prendre un autre ami ? ». C’est cela qui peut être difficile à comprendre pour des gens qui n’ont pas d’animal, c’est que votre chat ou votre chien ne se remplacent pas par un autre chat ou un autre chien. Votre animal était un être avec sa personnalité ou son tempérament, un être unique, singulier, comparable à aucun autre pour vous et donc ce deuil est une perte irréparable.
Une autre réaction maladroite est illustrée lorsqu’on vous demande si votre animal était vieux parce que parfois il est très clair dans l’esprit de votre interlocuteur qu’il fallait s’y attendre, votre chien n’était plus si jeune, donc le message sous-jacent est « Tu ne devrais pas être si triste ».
Parfois, les messages ne relèvent plus de la maladresse et sont carrément invalidants: "Si tu n'es pas capable de supporter leur mort ne prends plus de bêtes", "Ho ça va c'est juste un chien, y en a qui perdent leur enfant, faut arrêter!", etc.
Il est donc vraiment très important de bien choisir à qui vous parlerez de ce que vous ressentez pour éviter de vous sentir invalidé dans votre ressenti déjà si souffrant.
Créer un rituel de gratitude
Mon deuxième conseil c’est d’imaginer et de mettre en place un petit rituel pour quelques jours ou quelques semaines, voire quelques mois. Bien sûr il y a un premier rituel important qui peut être simplement d’avoir l’occasion de dire adieu à votre animal si vous prenez la décision de l’euthanasier puis le choix d’une incinération ou d’enterrer votre animal si vous en avez la possibilité (attention dans ce dernier cas à la législation qui peut être extrêmement contraignante).
Après cela, je vous conseille d’imprimer une photo ou de disposer un objet comme le collier ou une brosse de votre animal à côté duquel vous allumerez chaque jour une bougie. Pourquoi une bougie ? Parce que cette petite flamme va servir de transition entre le vivant de votre animal et la représentation interne que j’évoquais plus haut, par exemple le sentiment que votre animal veille sur vous ou qu’il vous accompagne même s’il n’est plus là physiquement. Cette petite flamme représente cette vie après la vie et il n’y a pas besoin d’avoir une croyance spirituelle ou religieuse pour cela.
Puis dans un troisième temps, vous pouvez opter pour un album photo en choisissant des photos que vous aimez ou encore un cadre numérique avec des photos des bons moments de votre compagnon qui alternent.
Envisager quelques séances de thérapie EMDR
Et enfin, dernier conseil, si après quelque temps la détresse reste toujours extrêmement forte envisagez de consulter un thérapeute.
Mon expérience personnelle avec la thérapie EMDR dans le traitement des deuils est absolument remarquable, j’ai vraiment assisté à des transformations importantes et je vous encourage à considérer cette option. Bien sûr, il n’existe pas une approche qui convienne à tout le monde et cela pourrait être une autre psychothérapie qui fasse l’affaire pour vous.
Quoi qu’il en soit, n’ayez pas honte de consulter un psychologue ou un psychothérapeute avec une demande d’aide pour le deuil d’un chat ou d’un chien pour deux raisons : la première c’est que beaucoup de psychologues comme le reste de la population ont un animal de compagnie eux-mêmes et donc seront en mesure de comprendre votre douleur. La deuxième raison c’est que je suis absolument convaincu que le thérapeute que vous contacterez a obligatoirement rencontré dans sa carrière d’autres personnes qui comme vous sont cruellement endeuillées après la perte d’un animal.
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Lulu (vendredi, 31 janvier 2020 14:14)
Merci pour ses paroles apaisante J'ai le cœur déchiré car je dois me préparer psychologiquement à laisser partir mon chien mon mon amour souffrant d'arthrose ce n'est pas facile �
Amélie NICOLAS (lundi, 29 mars 2021 04:02)
Merci pour votre article qui m'a été très utile pour comprendre les étapes du deuil et nous aider à mieux les accepter. Comment se pardonner et pardonner son ami, quand on est nous-même responsables de la mort de son animal. Si vous avez des pistes qui peuvent nous aider à ce sujet je suis preneuse car je ressasse chaque jour les mêmes mots de culpabilités et accusateurs ca n'est plus acceptables de vivre ainsi...
Merci pour votre aide
Isa (vendredi, 23 avril 2021 12:08)
Mon petit Blacky est parti il y a um mois je ressent une tristesse en moi je pleure tout le temps il me manque tellement mon bebe est pâti pour toujours ��
Carole L (jeudi, 24 mars 2022 17:22)
J'ai perdu Mon amour de chien il y a bientôt 4 mois...et je continúe de ressasser en permanence et de me sentir coupable de sa mort. Mon bebé s'est fait tué par une voiture et je ne l'ai pas vu aller sur la route parce qu'un passant me parle à ce moment la, de Mon chien en plus... Quelques secondes et tout se fige...tout s'arrête...je vois Mon petit chien..au sol, le sang coule derriere sa si petite tête...je suis en état de choc mais je sais qu'il est trop tard...Je le vois trembler et se decharger de son energie, Puis mourir...il n'avait que 2 ans et 10 mois...et toute sa Vie devant Lui... Mais pour moi c'est l'enfer qui commence...le víde, le desarroi, la colère, le chamboulement total...Puis toutes ces questions...
Ai je été negligente ? Aurais je dû Lui mettre la laisse ce jour là ? Comment Ai je pu ne pas regarder où etait Mon chien même quelques secondes? Aurais je dû ecouter Mon intuition et ne pas parler à ce passant avec qui je n'avais pas envie de parler ? Suis je responsable ou était ce un accident ? Voilà toutes les questions qui me laissent dans la tourmente et qui me font tellement de mal...Mon chien me manque terriblement et je n'arrive pas à accepter la fatalité, le mot accident me semble trop facile car il nous victimise plutôt que de nous responsabiliser...et donc maintenant suis je trop dure avec moi même ? Evidemment je le sais...jamais je n'aurai mis consciemment Mon chien en danger, jamais je n'aurai souhaité sa Mort...ce chemin on le connaissait par coeur... Mais je suis perdue entre la fatalité et mon devoir de responsabilité... Je paye très Cher ces quelques secondes d'inatention... j'ai enfin compris d'où venait l'expression " ça fait un mal de chien " parce que jamais je n'ai ressenti une aussi grande tristesse ... Jai enfin compris pourquoi nous pleurons plus la Mort de nos compagnons que celle de certains humains...parce que nos chiens sont l'amour inconditionnel...et même si je sais que Mon chien de là où il est, ne m'enveut pas et qu'il est bien...moi je vis avec un víde immense et le sentiment permanent que j'aurai peut être pu changer le cours des choses... Je crois que se pardonner est le plus difficile face à la perte de nos animaux...peu importe la Mort dailleurs même si je reste persuadee que certaines sont plus difficiles que d'autres...
Tout le travail consiste à accepter que nos animaux sont destinés à partir avant nous, de part leur esperance de Vie mais aussi de part leur comportement imprévisible qui ne laisse pas toujours de seconde chance... Courage à Tous et dites vous que ce qui n'est pas normal c'est de ne pas se sentir responsable à un moment donné... c'est preuve que nous les aimons et les protegeons en permanence...mais un animal est spontanée et pas autant conscient que nous du danger...et nous , pauvres humains que nous sommes...ne pourrons jamais tout controler et tout maitriser....
Mon Floki, Mon amour de chien... merci de m'avoir enseigné cet amour si pur et inconditionnel...Ce si Grand amour qui vous illumine le Visage le matin et vous apaise le soir...merci de m'avoir fait sentír autant maman, qu'enfant, meilleure amie et infirmière à tes côtés. J'ai joué tous ces rôles et j'ai appris tellement sur moi même...Je suis si fière mais si fière que tú sois Mon tout premier chien, celui avec qui j'ai tout appris et j'ai grandit...je sais que nous nous retrouverons plus tard et qu'en attendant tu vivras toujours dans Mon coeur et dans Mon corps...tu es ancrée en moi à tout jamais.
Merci d'avoir fait parti de ma Vie même si ce fut que 2 petites années...elles representent tellement pour moi...Mon petit chien, Mon Mini Chihuahua, Mon Floki, Mon co-equipier, Mon bébe...Je t'aime ❤️
Myriam S (mercredi, 25 mai 2022 17:42)
Bonsoir, et merci pour vos conseils très utiles.. car se samedi 21 mai j'ai perdu mon premier animal de compagnie ( un chien) qui n avait que 6ans toujours été en forme jai fait l'erreur de ne pas avoir été me renseigné ou faire un Tcheck up au vétérinaire, il nous a quitté d'une crise cardiaque que je pourrai dire foudroyante, on a toutes essayé massage cardiaque bouche a bouche mon rien , je m'en veux tellement de ne pas avoir appris les geste à faire sur un chien , je suis perdue sous le choc j'ai peur car il es décédé chez ma mère donc je ne suis pas encore rentré chez moi ou je vivait seule avec lui et mes 2 autres chats..
Vanessa (samedi, 09 septembre 2023 17:34)
Je viens de perdre ma Lucky , mon petit jack russel de 10 ans . J’ai vécu les plus belles années de ma vie a ses côtés . Elle m’aidait au quotidien dans la gestion de mes émotions , quand j’étais triste elle était toujours là pour moi à me coller et me faire des câlins . Nous avions un lien si fort et fusionnel . Elle est partie si vite , d’une insuffisance rénale grave , le foi touché et ses organes qui défaillaient à chaque heures . Je l’ai emmenée aux urgences vétos alors qu’elle était dans le coma . C’est traumatisant de ne pas avoir pu lui dire au revoir comme je l’aurais voulu , qu’elle puisse entendre combien je l’aimais , qu’elle puisse voir dans mes yeux cet amour inconditionnel que j’avais pour elle également . Je ne sais pas si un jour je pourrais m’en remettre . C’est tout frais .. une partie de moi est partie avec elle .