Les psychologues distinguent généralement les facteurs prédisposants des facteurs précipitants et des facteurs d’entretien.
Les facteurs prédisposants rendent un individu plus susceptible de déclencher un trouble panique ou un trouble anxieux. Ces facteurs à eux seuls ne suffisent toutefois pas à déclencher le trouble, ils doivent être compris comme une « vulnérabilité » pouvant s’exprimer dans certaines circonstances ou non.
On identifie une prédisposition biologique. Il s’agit souvent d’une réactivité accrue chez certains individus du système nerveux autonome. Cette prédisposition explique la sensibilité plus grande du système d’alarme de l’organisme combattre/fuir chez ces personnes. Cette caractéristique biologique est transmise génétiquement. Avoir cette prédisposition génétique ne signifie nullement ni que vous souffrirez obligatoirement d’un trouble anxieux ni que vous ne pouvez pas guérir d’un trouble anxieux.
Il existe aussi une prédisposition psychologique. J’ai rencontré un jour une patiente que j'appellerai Tania qui dans son enfance, à la moindre contrariété qu’elle exprimait sa mère la retirait de l’école. Ainsi, dans le souci de la « protéger » sa mère lui envoyait le message qu’une infime quantité d’anxiété qu’elle pourrait ressentir était insupportable et qu’il fallait la faire disparaître. Un autre message sous-jacent concernait ses capacités à faire face : en la retirant sur-le-champ c’est un peu comme si la mère disait à sa Tania : « Tu ne peux pas gérer ce problème par toi-même ». Cette réponse de protection s’est avérée un poison qui a grandement rendue Tania vulnérable à l’anxiété en lui apprenant involontairement que l’évitement était la meilleure chose à faire face à l’anxiété. On voit donc que l’attitude parentale agit comme un facteur prédisposant important dans l’enfance.
Les facteurs précipitants constituent le climat qui va être favorable au déclenchement de la première attaque de panique. Il est important de dire que si on ne retrouve pas toujours de facteurs prédisposants on retrouve toujours un ou des facteurs précipitants avant une première attaque de panique. Bien souvent, les personnes n’en sont d’ailleurs pas vraiment conscientes. Il n’existe donc pas de première attaque de panique sans un stress psychosocial, physique ou chronique.
Les stresseurs physiques peuvent être par exemple une crise d’hypoglycémie ou beaucoup plus fréquemment la consommation aiguë d’alcool ou de drogues.
Les stresseurs psychosociaux sont les événements et les contextes de vie douloureux : traumatisme, deuil, rupture amoureuse, licenciement, etc.
Les stresseurs chroniques épuisent l’organisme sur la durée comme leur nom l’indique : climat de travail toxique, difficultés conjugales, mauvaise hygiène de vie, etc.
C’est dans ce contexte que la première attaque de panique va survenir brutalement : dans un moyen de transport (véhicule personnel, métro, bus, avion, train), dans un endroit éloigné (en voyage à l’étranger) ou encore lors d’un événement social à caractère professionnel ou non (réunion, fête, etc).
Les facteurs d’entretien portent suffisamment bien leur nom : ce sont les manières involontaires par lesquelles une personne maintient son trouble panique. Le traumatisme de la première attaque de panique va généralement associer dans l’esprit de la personne, parce que c’est un événement très émotionnel, les sensations physiques au sentiment extrême de danger. C’est ce conditionnement qui va conduire la personne à redouter et donc à éviter ses sensations physiques : arrêt des activités sportives, sexuelles et vigilance constante à ce qui se passe dans le corps vont entretenir le cycle infernal des attaques de panique. Ce sont les interprétations catastrophiques de la personne atteinte par le trouble panique qui contribuent au maintien du problème : si je pense qu’une attaque de panique peut me tuer (peur de mourir d’un infarctus, de s’étouffer, de perdre le contrôle et de devenir fou) il est évident que je vais sans cesse rester sur mes gardes et, de ce fait, garder la réponse d’alarme de l’organisme en alerte constante. Il faut noter ici que c’est parce que le paniqueur ne retrouve de danger dans son environnement immédiat qu’il finit par le chercher et le croire en lui.
Enfin, deux autres facteurs d’entretien importants sont à mentionner : les vérifications et comportements de sécurité et la prise en charge excessive par un proche.
Les vérifications et comportements de sécurité sont les des comportements parfois très rapides et très discrets tels que : identifier immédiatement la sortie de secours dans un endroit non familier, s’asseoir proche de cette sortie, avoir toujours avec soi un médicament anxiolytique, etc.
La prise en charge excessive par un proche pose un problème particulier dans l’agoraphobie : à force d’être accompagnée dans ses moindres démarches la personne perd totalement confiance en sa capacité à gérer seule sa propre vie et se sent en danger lorsqu’elle est seule.
Au final, les facteurs prédisposants sont fréquents mais pas indispensables au déclenchement d’un trouble panique ou d’une première attaque de panique.
Les facteurs précipitants sont systématiquement présents au déclenchement d’une première attaque de panique mais insuffisants au déclenchement d’un véritable trouble panique.
Les facteurs d’entretien ne sont pas nécessaires au déclenchement d’une attaque de panique. En revanche ils sont obligatoires dans la survenue d’un trouble panique.
Facteurs précipitants + Facteurs d’entretien (+Facteurs prédisposants) = Trouble panique
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